Le choix de faire des études dans les milieux créatifs comme l’art peut être freiné par la peur de ne pas trouver de débouchés mais aussi par a méconnaissance du système d’enseignement de l’art. De nombreuses écoles proposent des formations dans ce domaine, et pour beaucoup, il est difficile d’évaluer la qualité de leur enseignement. Un petit récapitulatif vous permettra de mieux comprendre cet environnement :  arts plastiques ou appliqués? Écoles très sélectives publiques ou écoles privées ? Prépa ou Manaa ?

En France, on distingue deux grandes voies : la filière arts plastiques  et la filière arts appliqués.

Bien que les 45 écoles supérieures d’art publiques recrutent après le bac, une année de préparation (parfois deux) se révèle souvent nécessaire pour réussir les concours imposés, surtout ceux des écoles ayant un statut national comme les Beaux-Arts (10 % des candidats admis chaque année) ou les Arts-Déco (moins de 5 %). Sélection très forte aussi pour les écoles de l’image comme Les Gobelins à Paris, Supinfocom à Arles (13) et Valenciennes (59). Enfin, les écoles de design industriel – Institut supérieur du design à Valenciennes, École de design Nantes-Atlantique (44), Euromed Design à Toulon (83), ENSCI-Les Ateliers à Paris – organisent des concours où le bac, quel qu’il soit, n’est pas toujours suffisant.

Les écoles publiques supérieures d’art forment aux arts plastiques

Les 58 écoles publiques supérieures d’art dépendent du ministère de la Culture et de la Communication et forment aux arts plastiques. Les élèves suivent un cursus de 3 à 5 ans débouchant sur des diplômes nationaux communs : le diplôme national d’arts plastiques (DNAP) et le diplôme national supérieur d’expression plastique (DNSEP) avec les options art, communication ou design au choix. Toutes ces écoles sont presque gratuites (vous devrez néanmoins prévoir un budget fourniture important) mais les concours d’accès sont très sélectifs (environ 10% des candidats seront admis). Ces écoles mènent aux métiers de la création, mais seuls 5% des élèves deviendront réellement des artistes plasticiens. Les autres travailleront dans la pub, le graphisme, l’édition, l’audiovisuel, l’enseignement.

Certaines écoles jouissent d’une excellente réputation dans la profession et permettent une bonne insertion professionnelle, comme l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad), l’Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCI/Les Ateliers), l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts (Ensba) ou encore l’Ecole nationale de la photographie d’Arles. Ces quatre écoles ont d’ailleurs leur propre diplôme, reconnu à bac + 4.

Les écoles d’arts appliqués forment à un métier précis

Les arts appliqués sont dispensés dans des écoles sous tutelle du ministère de l’Éducation nationale.Du bac au diplôme supérieur d’arts appliqués (DSAA), en passant par des BTS, ces diplômes sont préparés dans les 7 écoles publiques supérieures d’arts appliquées : Boulle (ameublement), Duperré (mode), Estienne (livre), Esaat, Olivier de Serres (communication visuelle), Le lycée Alain Colas, Lycée La Martinière-Diderot

Ces diplômes sont également préparés dans de nombreuses écoles privées d’arts appliqués. Les écoles publiques très sélectives sont pratiquement gratuites. En revanche, les écoles privées sont chères. Les prix varient de  5 000 à 12 000 euros par an selon les écoles. 

En arts appliqués, les formations très pratiques mènent à des métiers bien spécifiques comme styliste, graphiste ou designer. Il faut donc bien se renseigner sur les débouchés de chaque école et s’interroger sur son projet professionnel.  Les étudiants peuvent prétendre à deux types de diplôme en deux ans. Des brevets de technicien supérieur (BTS design de mode, design d’espace, photographie…) et des diplômes des métiers d’art (DMA céramique artisanale, cirque, horlogerie…). Ces formations sont axées sur la pratique. Elles ouvrent souvent la porte à des métiers d’exécutant ou d’assistant en graphisme, stylisme ou design.

Très recherchées et très sélectives, les 45 écoles supérieures d’art de France proposent des études plus longues. Ceux qui veulent poursuivre les études peuvent préparer un diplôme supérieur d’arts appliqués (DSAA) en deux ans. Ce titre en poche, ils ont plus de chances d’accéder à des postes de conception comme directeur artistique ou architecte d’intérieur.

Autre option : les écoles privées. Elles délivrent des diplômes de niveau bac + 3 à bac + 5, pas toujours reconnus par l’Etat. Mais certaines d’entre elles ont la cote auprès des recruteurs : Penninghen pour le graphisme, les Gobelins pour l’animation, Camondo et l’Ecole bleue pour l’architecture d’intérieur.

Les universités forment également en art, …. de manière théorique

Licence et licence pro, master de recherche et master pro, agrégation… Comme le droit ou les sciences économiques, l’art s’enseigne aussi à la fac. Plus théorique que pratique, la voie universitaire mènera vers l’enseignement, la recherche, le management culturel ou encore l’événementiel. Optez plutôt pour une licence pro si vous avez envie de vous insérer dans le monde de l’entreprise. Les formation universitaires sont gratuites, en dehors des frais d’inscription d’environ 400 à 500 euros incluant la cotisation sociale. Les métiers préparés sont variés mais ne concerne pas la pratique artistique : L’enseignement, la recherche, la médiation culturelle, les métiers de l’audiovisuel, à condition d’avoir parallèlement acquis une expérience pratique…

Quelle préparation aux concours ?

Ensad, Ensba, ENSCI, écoles des beaux-arts… Les écoles d’art publiques sont particulièrement sélectives. Pour franchir le barrage du concours, nombre de bacheliers font une année préparatoire. Les concours des écoles sont tellement sélectifs qu’il est conseillé d’effectuer une année préparatoire en amont. Là encore vous trouverez de nombreuses possibilités : Classes préparatoire ou Mise à Niveau en Arts Appliqués (Manaa)

La mise à niveau en arts appliqués (Manaa), est un passage obligé pour les élèves qui n’ont pas obtenu de baccalauréat sciences et technologies du design et des arts appliqués (STD2A), prépare en un an à l’entrée dans les brevets de technicien supérieur (BTS) en arts appliqués et dans les diplômes des métiers d’art (DMA). En prépa, l’objectif reste plutôt d’intégrer les écoles supérieures d’art. Des enseignements plus généraux s’ajoutent aux cours artistiques. Six heures par semaine sont consacrées au français, aux mathématiques, à l’anglais ou encore à la physique. L’avantage des Manaa, c’est qu’elles sont souvent déjà intégrées à une école. Etre admis en Manaa, c’est s’assurer d’avoir un pied dans l’établissement. Mais la sélection à l’entrée est très rude. Comme pour les prépas, le coût de l’année est variable selon les établissements. Si les Manaa publiques sont gratuites, il faut payer environ 1 800 euros pour une école privée et jusqu’à 8 000 euros dans les établissements hors contrat.

Les classes préparatoires, elles, accueillent, après le bac, des élèves qui souhaitent se préparer à entrer dans les formations artistiques accessibles uniquement sur concours. Les classes préparatoires publiques appartenant au réseau APPEA préparent plus particulièrement au réseau des écoles supérieures d’art sous tutelle du ministère de la Culture, et aux écoles supérieures d’architecture. Les classes préparatoires aident les jeunes à choisir une orientation appropriée à leurs aptitudes et à leur souhait professionnel en les confrontant à la culture et à l’art, en leur permettant, tout au long de cette année, d’évaluer leur motivation, leur curiosité et leurs capacités. Sur 8 mois de formation intense (30 à 35 heures de cours par semaine), les élèves développent leur créativité et acquièrent une méthodologie pour les préparer aux concours : dessin d’analyse, modèle vivant, perspective, couleur mais aussi le volume, la peinture, la photo, la vidéo… Les cours ne sont uniquement pratiques, l’histoire de l’art est aussi au programme, avec des cours sur les périodes et les styles, l’étude et le commentaire d’œuvres d’art, des visites de musées, des rencontres… pour se former le regard et intégrer des références culturelles. Des bilans ponctuels avec les enseignants permettent aux élèves de faire évoluer leur technique et de constituer leur book (dossier de travaux artistiques personnels).

L’année préparatoire aux écoles d’art est accessible aux bacheliers et, dans quelques classes privées, aux élèves ayant obtenu le « niveau bac », c’est-à-dire une moyenne de 8/20 à l’examen. Les élèves de terminale doivent s’inscrire directement auprès de l’établissement choisi, ces classes ne passant pas par la procédure APB. L’admission se fait ensuite sur entretien de motivation, sur présentation d’un dossier de travaux artistiques personnels même succinct (croquis, photos…), et parfois, dans les classes publiques, sur épreuves écrites et plastiques. Les promotions comptent de 15 à 35 élèves.