A tous les férus d’éprouvettes et d’erlenmeyers, amoureux de leur pays, et qui, malgré leur désir de poursuivre leurs études à l’étranger, souhaiteraient revenir au Maroc ouvrir un LAM (laboratoire d’analyses médicales), cet article vous est particulièrement adressé.

Quel parcours pour ce métier

Un biologiste médicale réalise et contrôle la réalisation d’actes de biologie médicale, interprète puis valide les résultats afin de contribuer au diagnostic médical général. En dernier lieu, il rédige un compte rendu et interprète les résultats qu’il transmet au patient et/ou au médecin prescripteur.
En vue de devenir biologiste médical, après 6 ans d’études dans une faculté de médecine ou de pharmacie, et l’obtention d’un diplôme d’état de docteur en médecine ou en pharmacie, l’étudiant s’oriente vers la biologie médicale. Il s’agit d’une spécialisation accessible sur concours uniquement, dure 4 ans et se réalise en internat de médecine ou de pharmacie.

Une profession réglementée au Maroc

Les laboratoires privés d’analyses de biologie médicale sont régis par la loi n »12-01 telle qu’actualisée par le dahir 1-02-252, qui dispose dans son article 6, que le laboratoire doit appartenir à un praticien autorisé à cet effet, ou à une association (communauté ou quasi-société) constituée de personnes physiques remplissant les conditions pour exercer.
Ainsi, pour ouvrir, exploiter et diriger un laboratoire privé d’analyses, il faut être médecin, pharmacien ou médecin-vétérinaire spécialiste en biologie médicale.
En ce qui concerne les laboratoires désirant pratiquer des analyses anatomo-pathologiques devront disposer de services permanents soit d’un docteur en médecine soit d’un pharmacien ou d’un docteur en médecine vétérinaire, titulaire d’un certificat universitaire d’études spéciales d’anatomo-pathologie.
Sachez que tout praticien autorisé, seul, ou en société, à exploiter et à diriger un laboratoire d’analyses médicales ne peut avoir aucune autre activité professionnelle.
Le directeur du laboratoire doit diriger personnellement et en permanence celui-ci.
Le laboratoire doit être fermé en cas d’absence ou d’empêchement du titulaire autorisé à moins que celui-ci n’ait obtenu l’autorisation de se faire remplacer par un autre praticien pour une durée totale ne pouvant excéder un an.
La demande d’autorisation d’ouverture, à titre privé, un laboratoire d’analyses doit être déposée auprès de l’autorité locale, et doit être accompagnée de pièces telles que le titre, diplôme ou certificats, la décision de qualification en biologie médicale pour les médecins, les diplômes ou certificats en biologie médicale pour les pharmaciens.
L’autorité locale transmet le dossier au secrétariat général du gouvernement, qui à son tour le soumet à l’avis du ministère de la santé publique. Après cela, l’autorisation est délivrée par le secrétaire général du gouvernement, inscrite au dos du diplôme. Celui-ci est finalement présenté pour enregistrement au greffe du Tribunal de Première Instance et pour visa par l’autorité locale.

L’équivalence des diplômes

Les métiers régis par un Ordre, donc nécessitant l’obtention de diplômes spécifiques et l’inscription à des ordres, sont souvent sujets à polémique. Et le métier de biologiste médicale ne déroge pas à la règle, preuve à l’appui, des affaires qui ont fait couler beaucoup d’encre.
Selon le quotidien marocain « Le Matin », ces professions s’apparenteraient « souvent à des clubs fermés, tant l’accès s’avère difficile. Places limitées, stages lourds, concentration géographique … autant de contraintes qui en dissuadent plus d’un ».
Aussi, convient-il de s’attarder un instant sur le casse-tête dénommé E-Qui-Va-Lence.
Une affaire qui date de 2006, opposant Conseil de l’Ordre des pharmaciens biologistes, au ministre de l’Education nationale de l’époque, Ahmed Akhchichine, rappel des faits : une commission sectorielle des équivalences rattachés au ministère de l’Education nationale refuse de délivrer une équivalence entre le diplôme marocain de biologie médicale et l’attestation de biologie médicale délivrée par l’Université Paris V René Descartes. Ladite équivalence aurait permis à son titulaire d’ouvrir un laboratoire d’analyses médicales au Maroc. La commission a motivé sa décision de refus par la durée insuffisante de la formation du requérant ; le diplôme n’étant qu’une « attestation de formation spécialisée » (AFS) et non un diplôme au sens propre. L’affaire sera porté devant le juge administratif de rabat qui donnera gain de cause à la partie demanderesse, devant toutes les instances de recours. Le plus intéressant, est qu’en appel, l’Union de la profession libérale (UPL), le Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL) se sont eux aussi constitués en partie civile aux côtés du Conseil de l’Ordre des pharmaciens biologistes. On entend souvent que l’union fait la force.
Sans entrer dans les détails, voici les arguments présentés par les différentes parties.
L’Ordre considère que « le risque qu’induirait l’application d’une telle décision pour la santé publique des citoyens et pour le bon fonctionnement du travail de médecins, le diagnostic du médecin pouvant être biaisé et ses recommandations hasardeuses si les données du rapport du biologiste sur lequel il se base ne sont pas exactes».
Pour le comité des diplômés, leurs titres respectent les normes internationales en matière de formation diplômante en biologie médicale. Pour eux, le Conseil de l’Ordre veut uniquement leur mettre les bâtons dans les roues en soulevant des problématiques purement terminologiques. Leur certificat étant intitulé «AFS», soit attestation de formation spécialisée, alors que la loi prévoit l’octroi de l’équivalence à un «diplôme de formation spécialisée».
Pour vous préserver de tous tracas, à la fin de votre carrière, la voie royale pour une ouverture de LAM privé, serait certainement des études de médecine générale, suivies d’une spécialité en biologie médicale. Ainsi, vous éviterez une acerbe bataille en justice, qui n’aurait peut-être pas la même finalité pour vous, que celle du requérant cité plus haut.