Les technologies numériques intègrent progressivement l’enseignement supérieur, c’est particulièrement vrai pour les études de santé. Simulateurs numériques de soin, 3D, plateformes de Serious Game font désormais partie de la pédagogie. Décryptage.

Les formations en santé intègrent la simulation numérique

Les études de santé, mais aussi les formations en paramédical (kinésithérapie, orthophonie…) connaissent de profonds bouleversements depuis quelques années avec le développement des technologies numériques et l’apparition de la réalité virtuelle. Ainsi, la simulation numérique passe pour devenir un véritable outil pédagogique dédié à la formation des professionnels de santé. En France, des entreprises de logiciels informatiques proposent des plateformes digitales qui reproduisent virtuellement des cas cliniques de soins. C’est le cas de la plateforme MediActiV qui propose des simulateurs numériques disponibles sur ordinateur et même sur tablette. Les étudiants peuvent les utiliser lors de cours magistraux et même à domicile pour compléter leur formation. En France, des dizaines de IFSIInstituts de formation en soins infirmiers ont intégré dans leur programme des semestres dédiés à l’étude de cas cliniques par simulation numérique. Les étudiants sont confrontés à des patients virtuels qu’ils visitent en chambre d’hôpital, en salle d’opération ou de consultation ce qui permet une immersion totale dans des mises en situations de soins réelles que les apprenants rencontreront un jour ou l’autre dans leur carrière professionnelle.

Une pédagogie innovante et interactive

Ainsi, toujours dans la filière paramédicale, les futurs infirmiers commenceront par apprendre les gestes de base du métier comme se laver les mains parfaitement pour une bonne hygiène et puis passeront par la suite à des choses plus complexes comme déposer de l’antiseptique sur des compresses et ainsi de suite. Il existe aussi ce qu’on appelle les serious game, des jeux sérieux pédagogiques qui permettent aux étudiants-infirmiers de plonger dans un environnement immersif où ils sont en interaction avec des patients virtuels, mais, et c’est ce qui change tout, des patients atteints de maladies réelles. Par exemple, ils sont téléportés en quelques instants aux urgences d’un hôpital face à un patient victime d’un accident vasculaire cérébral ou ils se retrouvent face à une personne victime d’un choc hémorragique. Le tout, dans des conditions hyperréalistes… Selon plusieurs professionnels de l’enseignement médical, la simulation permet d’ancrer profondément les apprentissages. Par ailleurs, un débriefing se fait toujours à la fin avec les formateurs.

Des futurs médecins qui prélèvent des organes virtuels

Il n’y a pas que la filière paramédicale qui est touchée par cette révolution technologique, en effet, les études de médecine connaissent également de profondes transformations. Ainsi grâce à la technologie 3D, de futurs médecins sont projetés virtuellement dans une salle d’opération pour un prélèvement d’organes. Ils peuvent s’entraîner aux gestes précis, se tromper, recommencer de nouveau, et cela sans toucher à de vrais patients. La dissection du corps humain et l’étude de l’anatomie est également facilitée grâce à ces nouvelles technologies électroniques, capteurs et autres objets connectés. Et les établissements s’y mettent vraiment. A titre d’exemple, on trouve la faculté de médecine de l’université Lyon 1 qui est en train de mettre en place le projet SAMSEIStratégies d’Apprentissage des Métiers de Santé en Environnement Immersif. Il s’agit d’un programme basé sur 4 axes : introduire la méthode de simulation numérique dans les enseignements comme outil pédagogique, insister sur les gestes d’urgence en chirurgie, ouvrir les formations à l’international et enfin développer l’ingénierie santé. Les techniques de simulation sont très utiles en médecine pour offrir aux étudiants la possibilité de réagir à des cas de pathologies classiques, rares ou potentiellement graves, sans dommage pour le patient. Ces techniques peuvent s’appliquer à la formation des médecins urgentistes, des réanimateurs, des pédiatres, des chirurgiens et autres spécialités encore, ceci par l’intermédiaire de simulateurs informatisés très complexes. Notez qu’en France, ces techniques de simulation sont utilisées depuis des années par le Service de Santé des Armées. De son côté, la Faculté de santé de l’université d’Angers est particulièrement réputée pour son centre de simulation en partenariat avec le CHU de la ville. L’université a commencé dès 2013 par la simulation en réanimation et anesthésie pour s’élargir ensuite à d’autres disciplines comme la cancérologie.

Au Canada, les simulations numériques au programme des enseignements

Si vous souhaitez étudier au Canada, sachez que ce pays est à la pointe de la révolution numérique dans l’enseignement supérieur. Pas étonnant lorsque l’on sait que parmi les meilleurs établissements au monde y sont situés. Surtout les méthodes de simulation ne sont pas limitées au seul domaine médical. Par exemple, l’université de Sherbrooke propose un Baccalauréat en physique avec un module Méthodes numériques et simulations d’une durée d’un trimestre. Le programme est basé sur les méthodes numériques et techniques de simulation destinés à résoudre des problèmes complexes de physique et mathématiques. En clair, on y apprend les représentations numériques des différentes fonctions et autres algorithmes. Quant à l’université de Montréal, sa Faculté de médecine possède le Centre de Simulation CAAHC, le centre d’apprentissage des attitudes et habiletés cliniques. Il s’agit d’un ensemble d’infrastructures universitaires situées sur le campus de l’Université de Montréal et qui reçoit les étudiants de la faculté de médecine. Plusieurs méthodes de simulation y sont utilisées, dont celle des patients simulés. L’objectif est d’acquérir des compétences poussées dans la prévention des risques et la sécurité du patient. Une très grande salle polyvalente de simulation reproduit l’environnement clinique dans ses moindres détails. Impressionnant, non ?