Depuis quelques années, un nouveau domaine de savoir a fait son apparition dans les études de médecine, il s’agit de celui de la bioéthique. Une discipline passionnante où les questions du vivant rejoignent celles de la morale. Décryptage.

Qu’est-ce que la bioéthique médicale ?

Commençons par une définition. La bioéthique est une discipline transversale qui consiste en une réflexion sur les progrès de la recherche dans les domaines de la biologie, de la médecine et de la santé publique. Ce qui l’a caractérise est donc une approche multidisciplinaire. Cette activité  regroupe donc  les questions éthiques ou morales, posées par les avancées technologiques, numériques et  scientifiques, et l’impact qu’elles peuvent avoir sur l’être humain. Par exemple, la greffe d’organes, de tissus, de moelle osseuse, ou encore l’assistance médicale à la procréation, qui fait appel aux dons d’ovules et de sperme, sans oublier les recherches ayant comme objet l’embryon et les cellules embryonnaires ou encore le dépistage de maladies faisant appel aux gènes : tout cela fait partie des champs de recherche de la bioéthique. En un mot, la bioéthique est une interrogation sur le progrès scientifique médical, c’est-à-dire une réflexion sur la frontière entre le vivant et la technique. Or, depuis quelques années, il existe désormais des formations médicales en bioéthiques. Quelques pistes pour vous.

La réflexion bioéthique est au cœur de l’actualité

La bioéthique concerne des problèmes d’actualité cruciaux. Cela va de la relation médecin-patient aux questions plus vastes posées par la santé publique et les sciences humaines, ainsi qu’aux problèmes relatifs à l’écologie que le changement climatique. Il s’agit ainsi d’un travail commun à la croisée de plusieurs disciplines : sciences, philosophie, droit, médecine. En résumé, cette discipline cherche à répondre le mieux possible aux questions soulevées par le progrès scientifique et technique et à  garantir le respect de la dignité humaine et la protection des plus vulnérables contre toute forme d’exploitation. Passionnant, non ? L’un des pays à la pointe en ce domaine, c’est la France, pays où certaines universités proposent des cursus des plus intéressants. Le Canada possède également une offre de formation à la pointe ; nous y reviendrons avec l’université de Montréal. Parmi les thématiques étudiées : vieillissement, éthique du vivant, morale des pratiques professionnelles, autant de spécialités masters qui sont proposées à ceux qui le souhaitent. Tour d’horizon.

A l’université de Strasbourg, une offre de formation foisonnante

L’une des offres de formation les plus intéressantes est celle de l’université de Strasbourg. L’établissement français propose un Master Ethique qui se décline en 4 parcours :

  • Gérontologie, vieillissement, éthique et pratiques professionnelles
  • Éthique, société, droits de l’homme
  • Bioéthique, éthique du vivant, éthique clinique
  • Interdisciplinary ethics (cursus trilingue en anglais, français et allemand)

Intéressons-nous aux 2 parcours en commun « Ethique, société, droits de l’homme » d’une part, et  « Bioéthique, éthique du vivant, éthique clinique » ; ce cursus est assez unique en son genre. La première année en tronc commun à ces deux parcours, traite des fondements et des grandes lignes de l’éthique médicale ainsi que de la méthodologie adaptée pour apporter des réponses à ce type de problèmes. Tous les étudiants doivent valider une compétence instrumentale par semestre (langue vivante, formation internet, travail d’enquête, recherches documentaires etc. En deuxième année l’étudiant poursuit vers l’un des 2 parcours du Master éthique. Un certain nombre de cours sont communs aux 2 parcours. Le parcours « Gérontologie, vieillissement, éthique et pratiques professionnelles » est axé quant à lui sur des thématiques comme vieillir chez soi et  la fin de vie dans la dignité. Chaque thématique est abordée de façon interdisciplinaire, faisant intervenir aussi bien des compétences médicales que juridiques et philosophiques. La gérontologie s’intéresse au vieillissement et à la vieillesse dans toutes ses dimensions. Il s’agit dans ce cursus d’apprendre à répondre aux attentes et besoins des personnes âgées à inventer des pratiques nouvelles. Parmi les modules au programme : Ethique médicale et bioéthique, Droits de l’homme : principes, normes et interprétations, Ethique, économie et société, éthique et religions (eh oui !), éthique et entreprise. A l’issue de ces parcours, tous les étudiants doivent être capables de construire un raisonnement éthique et mener une argumentation éthique. Il s’agit donc d’être capable d’une grande capacité de synthèse de manière à rassembler des informations en provenance de disciplines différentes.

Le Droit de la santé vous intéresse ?

A l’université Paris 12-Créteil, savez-vous qu’il existe un master en Droit de la santé parcours « Droit de la Bioéthique » ? Ce cursus permet aux étudiants une formation complète leur permettant de se spécialiser dans cette discipline récente qu’est le droit de la bioéthique. La formation couvre tous les aspects du droit de la bioéthique : droit international, droit européen, droit public, droit privé, droit pénal, libertés fondamentales. Cette formation présente une dimension pluridisciplinaire, la bioéthique se situant au carrefour du droit, de la science, de la médecine et de l’éthique. L’originalité de cette formation est d’autant plus forte qu’elle n’est pas très répandue parmi les offres de formation en France. Sachez qu’en matière de débouchés professionnels, le secteur des biotechnologies est très demandeur de ce type de profils. Thérapie génique, biocarburants, organes artificiels, dépollution, ingénierie de la santé, vaccins, la biotechnologie est aujourd’hui un secteur en plein boom. Pour rappel, la biotechnologie est l’application de la science et de la technologie à des organismes vivants. Pour passer de l’autre côté de la frontière française, allons voir ce qui se passe des études en Espagne. Là aussi, une offre de formation foisonnante apparaît. Un exemple parmi d’autres, citons l’université La Laguna qui propose conjointement avec l’université de Las Palmas un master en Bioéthique et Bio-droit. L’un des principaux objectifs du Master, est la formation des professionnels pour identifier les problèmes éthiques dans le domaine de la santé. Ce diplôme est en outre complété par une vision plus large, puisqu’il  est prévu des cours interdisciplinaires liés aussi bien aux aspects juridiques des lois en  médecine, la recherche et les essais cliniques ou encore les soins infirmiers.

Une maîtrise en Bioéthique à l’université de Montréal au Canada

Si les études au Canada vous intéressent, sachez que la prestigieuse université de Montréal propose une très intéressante Maîtrise en Bioéthique. L’université du Québec propose un cursus interdisciplinaire s’intéressant aux enjeux éthiques de divers milieux qui ont un impact sur la société. Il s’agit aussi bien du milieu clinique en hôpital, de la recherche, de la santé publique, des politiques de santé et de l’environnement. En plus du tronc commun, il existe 4 options pour les étudiants : Éthique et soins de santé-Éthique de la recherche-Éthique et santé des populations-Cheminement individualisé. Ce programme de l’université est ouvert aux profils de tous les domaines disciplinaires, comme par exemple, les sciences humaines et sociales, le droit, la philosophie, les sciences de la santé, biologie, qui veulent approfondir leurs connaissances et expertises en bioéthique, entre autres compétences. Bref, il s’agit d’un programme pour étudiants curieux et d’une grande ouverture d’esprit ! Notez qu’il s’agit d’un cursus francophone.